lundi 9 mai 2011

Le peuple cherche sa gauche



L'expression est d'autant plus vague que la gauche, elle non plus, n'a jamais constitué un corps homogène : « Au XIXe siècle, on se dit "républicain", ou "démocrate", pas "de gauche", rappelle l'historien Gilles Candar. Cette expression, d'origine parlementaire et pas du tout populaire, n'entre dans le vocabulaire qu'au début du XXe siècle. »
Quant au vivier électoral de gauche, il change avec le temps et le paysage politique. On peut appartenir à la gauche avec Thiers en 1830, avec les insurgés de 1848, ou avec Georges Marchais en 1981 (les 15 % obtenus par le candidat communiste au premier tour - contre 20 % aux législatives de 1978 - marquant le début d'une vertigineuse ­dégringolade).
Mais pour qu'il y ait victoire, il faut que la rencontre de grandes luttes et d'un discours politique permettent à « la gauche », ce matériau composite, de «coaguler ». Ce fut le cas en 1924 avec le Cartel des gauches, en 1936 sous le Front populaire, ou en 1981. [...]

1984 : échec cinglant du PS aux municipales. 
Législatives de 1986 : la faucheuse repasse et envoie la gauche dans l'opposition. 
1988 : Mitterrand, prudent, préfère en appeler, sur ses affiches, à « La France unie » plutôt qu'au peuple de gauche... qui le lâche aux législatives suivantes, pour une nouvelle cohabitation. 
En fait, le PS ne tient pas ses troupes, notamment ses ouvriers : en 1988, Mitterrand reste encore majoritaire chez eux, mais le pourcentage de cols bleus votant à gauche est divisé par deux en 1995, puis en 2002. Un ouvrier sur trois a voté Le Pen à la présidentielle de 1995, et un sur... huit pour Jospin en 2002 !
« Souvenez-vous des ouvriers de Mazamet, qui, dans les premières années du XXe siècle, défilaient sous des drapeaux rouges pour défendre leurs intérêts mais votaient conservateur, voire réactionnaire, aux élections, malgré les appels du pied de Jaurès. Ce n'est pas parce qu'on vient du peuple que l'on vote à gauche, et la droite, elle aussi, a su mobiliser quand il le fallait : il n'y avait pas que des gens fortunés dans la gigantesque manifestation pour la défense de l'école libre, en 1984. Il est vrai qu'on disait alors "la foule"... »




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire