samedi 25 juin 2011

Des millionnaires qui veulent être plus taxés






AES+F Le banquet de Trimalcion
Symphonie n°7 de Beethoven


-         Il y a des milliardaires américains qui demandent à Obama de pouvoir payer plus d’impôt.

-         Nannnn ! C’est pas vrai ?!

-         Je te jure ! Je t’enverrai le lien de l’article.

-         J’ai manqué l’info. C’est énorme. Même si ça sent la com à plein nez.

-         Il faut vraiment que ça craigne : Ils commencent à faire dans leurs brailles !

-         J’ai lu un bouquin pas mal dont le sujet et point de départ est Bill Gates, sa fondation philanthropique...

-         Ah oui. Il appelle tous les milliardaires à faire comme lui, à donner la moitié de sa fortune ?

-         Paraît que ça ne marche pas en France. Les nôtres sont trop radins.

-         ça me fait chier ce truc de charité discrétionnaire... même si on ne peut pas cracher dans le porte-monnaie.

-         Des impôts, comme tout le monde ! [...]







Bill Gates n’est plus l’ennemi public un point zéro. Bill n’est plus un potentat, un souverain, un Monopoly à lui tout seul, il a changé. Il est devenu l’ami des nécessiteux qui n’en espéraient pas tant. Il redistribue son argent, le cède au développement, l’anoblit. 
Car l’heure est au repentir et à la honte de l’accumulation privative. Boudant sa puissance, le boss a démissionné et s’est missionné. 
Concevant seul un tout nouveau challenge : convaincre les autres très très riches de lâcher autant d’argent que lui pour des causes humanitaires reconnues urgentes. Soudain bavard, émouvant, convaincant, généreux voire encombrant, il donne beaucoup et reçoit peu. 
À vérifier tout de même. Mais quelques deux ou trois bilans comptables ont suffi à redimensionner sa cote d’amour. Quel virage. Mais comment en est-il arrivé là ? 


Bill - textes rassemblés par Daniel Foucard aux Editions Inculte

découvert sur Place dela Toile (France Culture)




Les inconnus - Neuilly-Auteuil-Passy

vendredi 24 juin 2011

La France d’après selon Houellebecq


Martin Parr - Small world - Las Vegas 2000


La France, pour la première fois depuis les années 1900 ou 1910, était redevenue une destination privilégiée du tourisme sexuel. De nouvelles professions, aussi, avaient fait leur apparition - ou, plutôt, d’anciennes professions avaient été remises au goût du jour, telles que la ferronnerie d’art, la dinanderie ; on avait vu reparaître les hortillonnages. A Jabreilles-les-Bordes, un village distant de cinq kilomètres de celui de Jed, s’était réinstallé un maréchal-ferrant - la Creuse, avec son réseau de sentiers bien entretenus, ses forêts, ses clairières, se prêtait admirablement aux promenades équestres.


Plus généralement, la France, sur le plan économique, se portait bien. Devenue un pays surtout agricole et touristique, elle avait montré une robustesse remarquable lors des différentes crises qui s’étaient succédé, à peu près sans interruption, au cours des vingt dernières années. Ces crises avaient été d’une violence croissante, d’une imprévisibilité burlesque - burlesque tout du moins du point de vue d’un Dieu moqueur, qui se serait amusé sans retenue de convulsions financières plongeant subitement dans l’opulence, puis dans la famine, des entités de la taille de l’Indonésie, de la Russie ou du Brésil : des populations de centaines de millions d’hommes. 
N’ayant guère à vendre que des hôtels de charme, des parfums et des rillettes - ce qu’on appelle un art de vivre-, la France avait résisté sans difficultés à ces aléas. D’une année sur l’autre la nationalité des clients changeait, et voilà tout.


La carte et le territoire de Michel Houellebecq



Patrick Artus à Libération (14/12/2009)




Les inconnus - La politique en débat sur la Cinq

mercredi 22 juin 2011

En finir avec la promotion des heures supplémentaires nuisibles aux créations d’emplois et aux comptes publics




 
Pour mettre un peu en musique son slogan « travailler plus pour gagner plus », le gouvernement Sarkozy a favorisé le recours aux heures supplémentaires en détricotant la loi sur les 35 heures, en réduisant les cotisations sociales sur ces heures supplémentaires et en exonérant ceux qui les font d’impôt sur le revenu.

S’il n’est bien sûr pas question de supprimer les heures supplémentaires dont les entreprises peuvent avoir besoin ponctuellement, en période de faible croissance, les encourager est particulièrement nuisible à la création d’emplois, injuste pour les chômeurs et constitue un manque à gagner de recettes sociales et fiscales creusant les déficits publics.

Guillaume Duval, rédacteur en chef d’«Alternatives économiques» vient d’écrire une lettre ouverte au Président à ce sujet.
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Monsieur le Président,


Une fois le «bouclier fiscal» supprimé, il ne restera quasiment plus qu’une seule mesure du «paquet fiscal» que vous aviez fait adopter en 2007 : les subventions massives accordées aux heures supplémentaires. Pourtant, celles-ci dissuadent les entreprises d’embaucher et compte tenu du chômage actuel vous vous honoreriez en revenant également sur cette disposition. [...]

Vous êtes revenus sur toutes les mesures les plus emblématiques de la «rupture» de 2007 sauf sur les subventions massives des heures supplémentaires, pourtant particulièrement nocives pour l’emploi, puisqu’elles incitent les entreprises à faire faire des heures supplémentaires plutôt que d’embaucher des jeunes ou des chômeurs. 
Les 174 millions d’heures sup effectuées au premier trimestre 2011 représentent 382 000 emplois à temps plein. Si les entreprises en avaient utilisé moitié moins, on aurait pu combler la moitié du retard qui reste encore pour revenir au niveau d’emploi d’avant la crise… 
De plus ces subventions coûtent 3 milliards d’euros par an au titre des cotisations sociales perdues et 1,2 milliard d’euros au titre de l’impôt sur le revenu. Or, en 2010, un emploi coûtait 38 600 euros en moyenne (cotisations sociales comprises). Autrement dit avec ces 4,2 milliards d’euros, on aurait pu financer intégralement 109 000 emplois supplémentaires… 
Les 4,6 millions d’inscrits à Pôle Emploi voudraient bien eux aussi pouvoir «travailler plus pour gagner plus» et vous vous honoreriez, monsieur le Président, en revenant enfin sur une mesure, déjà très critiquable en 2007, mais devenue simplement absurde avec la crise.



Dernier ouvrage : «La France d'après, rebondir après la crise», éditions les Petits Matins.









vendredi 17 juin 2011

« La Grèce n’est pas à vendre »



Alors que la Grèce est toujours en récession économique, pour obtenir la cinquième tranche du prêt de 110 milliards d’euros que lui ont accordé en 2010 l’UE et le FMI, une nouvelle cure d’austérité est exigée des grecs, notamment un plan de privatisations massif inédit en Europe : Télécoms, chemins de fer, Défense, Banques, autoroutes, eau, ports, aéroports, électricité, paris sportifs, biens immobiliers...
On n’en est pas encore à la vente d’îles ou de l’Acropole comme l’avait suggéré des allemands mais selon le Guardian l’idée a fait son chemin.

Dans la foule, Andromaque, une militante du collectif «Je ne paie pas», campe sur la place Syntagma depuis le début du mouvement, le 25 mai : «Le premier plan de rigueur a augmenté les tarifs des transports en commun et des péages de façon éhontée. Nous avions décidé de ne plus payer. Aujourd’hui, ils veulent privatiser les trains, les ports, les aéroports. Mais tout ça, ce sont les biens collectifs, ceux du peuple. Cela ne leur appartient pas. C’est pour cela qu’on est là, tous ensemble, pour dire non à cette nouvelle cure d’austérité», lâche-t-elle d’un trait. Hier, dans ce Woodstock «à la grecque», bandes de jeunes, familles avec enfants, retraités très remontés, militants d’extrême gauche et anciens combattants revêtus de la traditionnelle fustanelle étaient donc réunis dans une ambiance festive et combative à la fois. En milieu de journée, la police citait le chiffre de 20 000 manifestants dans le centre d’Athènes, les médias en comptaient le double.


Entre autres conséquences funestes, la braderie du patrimoine national aux riches le plus souvent étrangers devrait ouvrir une autoroute à un national-populisme mortifère.




jeudi 16 juin 2011

Mariage gay : le texte du PS rejeté par l’UMP




L’idée du "mariage gay" ne nous a jamais spécialement fait bander mais l’interdiction de mariage aux couples de même sexe, c’est discriminatoire non ? 
Pour toutes les folles du mariage gay ne sachant plus pour qui voter, « à bon entendeur salut ! » 



Kanye West Gay Fish pour South Park

mercredi 15 juin 2011

Ferme ta gueule Luc Ferry ! Ferme ta gueule !


François Morel sur la matinale de France Inter

L’école des infâmes



En disciple de Spinoza, Lordon déclare en post-scriptum qu'« il faut toute la cécité des demi-intellectuels » pour ne pas voir que les idées ne mènent à rien si elles ne sont « accompagnées d'affects ». Et il ajoute : « On pourra analyser la crise financière sous toutes ses coutures, raffiner l'argument autant qu'on veut, démonter les systèmes, exposer les rouages, tout ça ne vaudra jamais une image bien choisie qui fait bouillir les sangs ou, comme le dit fort à propos une expression commune, qu'on prend en pleine gueule – la gueule : le corps. » Il ne faut donc plus seulement « dire la crise », il faut « la montrer, la faire entendre » par tous les moyens, cinéma, littérature, photo, BD...

L'économiste Lordon a choisi le théâtre. Mieux : l'alexandrin. Plus fort encore : la farce moliéresque.
D'un retournement l'autre, pièce en quatre actes, met en scène des archétypes - le Banquier, le Trader, le Président... - qui n'expriment pas d'états d'âme, mais « ventriloquent des positions » [...]






Puerta del sol mai 2011 par Pedro Armestre


EXTRAIT

Le nouveau deuxième conseiller (au président)

Résurgence de crétinisme triomphant,
Mais résumé complet - à sa façon brillant !
Alors que la finance était bonne à mater,
Vous n’avez rien fait d’autre que la réarmer.
Le bourreau s’est changé en une providence,
Prenez quelque recul, observez la séquence :
Crise de la finance, sauvetage public,
Explosion de la dette et rigueur hystérique.
Et comme d’habitude, à qui va l’addition ?
Qui doncque de la face pour être le dindon ?
Le peuple a le dos large, la chose est entendue,
Attention tout de même qu’accablé il ne rue.
Salarié, licencié, contribuable, usager,
De toutes ces façons de le faire banquer,
Il en est peut-être une qui est celle de trop.
Ce jour-là inutile de crier au complot,
A moins de penser à celui que vous armâtes
Et dont vous fîtes tout pour qu’enfin il éclate.

Le troisième conseiller, entrant précipitamment

Monsieur le président, des émeutes partout...

Le président

Mais enfin pourquoi doncque vous affolez-vous ?
Vont-ils de la Nation ou à la République ?

Le troisième conseiller

Ni l’un ni l’autre, hélas, la masse est anarchique. [...]





mardi 14 juin 2011

Les agences de notation bientôt dans le box des accusés ?




 

Groland : la crise expliquée simplement



Hormis la démonstration lumineuse de l’équipe de Groland, Inside Job est le meilleur documentaire expliquant « la crise de 2008 ».
Il n’épargne aucun acteur de la finance américaine que ce soient les banques, les économistes universitaires, les agences de notation, les autorités de régulation des marchés ou l’administration américaine. 
On en sort bien peu rassuré et un brin désespéré : les principaux responsables n’ont pas été inquiétés, quand ils n’ont pas été nommés à des postes clés par la nouvelle administration Obama, et les règles ont pour l’heure peu changé.
Mais aussi perplexe. En effet, le film semble exonérer de toute responsabilité le reste du monde, à commencer par l’Europe, et prête même à notre Christine Lagarde nationale, qui se verrait bien en grand argentier de la planète pour remplacer DSK, d’avoir vu venir la catastrophe.




Bande-annonce d' Inside job de Charles Ferguson



Dans le film, il est notamment fait le procès des agences de notation financière qui n’ont eu de cesse de fournir des informations réjouissantes sur les banques et les produits financiers pourris qu’elles émettaient, avant tout parce qu’elles étaient rémunérées par ces mêmes banques (l'hypothèse de l'incompétence n'est également pas exclue).

La notation des emprunteurs par les agences de notation déterminent les taux auxquels ces derniers peuvent emprunter sur les marchés financiers. Actuellement le Portugal (tout comme d’ailleurs la Grèce et l’Irlande) se refinance à des taux d'intérêt "usuriers" (autour de 10%) qui font exploser la charge de remboursement et la dette.

Après la Grèce et l'Irlande, le Portugal a en effet dû solliciter une aide financière internationale. Et le prêt que lui a concédé la troïka Fonds monétaire international, Bruxelles et Banque centrale européenne atteint 78 milliards d'euros.
La centaine de mesures d'austérité (dont la baisse des salaires et la hausse de la TVA) imposées par le FMI n'a fait que renforcer l'aversion contre les agences. Dans les débats télévisés, sur les bancs des facs ou dans les réseaux sociaux, le sujet est devenu omniprésent.

Aujourd’hui, Libération annonce la possibilité d’un procès de l’Etat portugais contre Moody’s, Fitch et Standard and Poors pour donner suite aux plaintes de quatre économistes de l’université de Coimbra.

Pour l’un d’entre eux, José Reis : "ces trois agences ont pêché à trois titres: elles concentrent 90% de la notation financière, ce qui est une entrave à la libre concurrence; elles possèdent des fonds d'investissement, il y a donc conflit d'intérêts; et elles bénéficient d'infos privilégiées. Nul ne conteste les problèmes structurels de l'économie portugaise, mais nous refusons que des intérêts privés dictent notre sort".
Même analyse de Manuel Brandão Alves, prof d'éco à Lisbonne. "A travers ces agences, nous voulons pointer du doigt leurs clients, les principaux responsables: intermédiaires financiers, fonds de pension, et même certains Etats..."

A SUIVRE...

P.S. Une brève sous cet article de Libération annonce le nième abaissement de la note de la dette à long terme de la Grèce, ce qui va encore renchérir son financement sur épargne.



João Botelho | Tráfico 1997

lundi 13 juin 2011

Les trois « non » des italiens : au nucléaire, à la privatisation de la gestion de l’eau et à l’immunité judiciaire de Berlusconi

  


"Le Caïman" : Moretti face à l'âme italienne - Le Monde 22/5/2006


Désavoué aux municipales, Silvio Berlusconi a essuyé un nouveau revers personnel lundi avec un vote massif des Italiens pour refuser par référendum le retour au nucléaire, une privatisation de la gestion de l'eau et la forme d'immunité judiciaire dont il bénéficie. [...]

La participation a été très forte, 57%, bien supérieure au quorum (50% plus une voix), indispensable pour que les référendums soient valables, a indiqué le ministère de l'Intérieur. Cela faisait 16 ans que le quorum n'avait pas été atteint en Italie pour ce type de scrutin. [...]
Libération 14/6/2011
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L'Allemagne programme sa sortie du nucléaire

L'expérience parisienne de "remunicipalisation" de la gestion de l'eau

Le moraliste Luc Ferry pris la main dans le sac


 

jeudi 9 juin 2011

Des économistes britanniques publient un manifeste anti-austérité



 Emeutes étudiantes à Londres - 10 novembre 2010

Une cinquantaine d'économistes britanniques ont demandé dimanche au gouvernement de revenir sur sa stratégie de réduction drastique des déficits et d'adopter un "plan B" pour l'économie, estimant que celle-ci est trop fragile pour encaisser de telles coupes.

Dans une lettre ouverte publiée par l'Observer, ces experts, classés à gauche, jugent "auto-destructrice" la politique menée actuellement par le gouvernement du conservateur David Cameron, "fondée largement sur la réduction des dépenses".
Cette cure d'austérité "ne réussira probablement pas à réduire le déficit dans les délais prévus" et "a toutes les chances de se solder par beaucoup plus de mal que de bien", jugent-ils. (...)
Ces universitaires préconisent une "vraie alternative", qui passerait notamment par une "véritable" réforme financière, la lutte contre l'évasion fiscale, la création d'emplois et le desserrement de l'étau sur les revenus et le pouvoir d'achat.


 Andreas Gursky - Koweit Stock Exchange



George Osborne plan isn't working, say top UK economists - Guardian.co.uk - Saturday 4 June 2011



La conjuration des imbéciles 31 mai 2011 Jornal de Negócios Lisbonne

samedi 4 juin 2011

La Taxe Robin des bois, c’est pour quand ?




Plus que jamais opportune, en une période où les docteurs Diafoirus du FMI et de l’Union Européenne imposent leurs plans d’austérité aux pays les plus endettés d’Europe et programment ainsi leur récession, leur appauvrissement et leur insolvabilité future.

Ce n’est pas tant qu’ils croient eux-mêmes en l’efficacité de leurs potions toxiques mais l’essentiel est de donner des gages de bonne volonté à une finance internationale devenue folle et omnipotente par défaut de réglementation.
L’ironie insupportable de la situation réside dans le fait que la purge se fait sous la pression d’une sphère financière sauvée par l’endettement public et qui continue à se gaver.

Vieille idée du prix Nobel keynésien James Tobin qui proposait de taxer les transactions de change, reprise comme mesure phare par l’association Attac, la Taxe Robin des bois s’appliquerait à toutes les transactions financières.


Fixée à seulement 0,05%, elle pourrait rapporter plusieurs centaines de milliards d’euros par an, et permettrait de lutter véritablement contre la spéculation.(...)






Campagne Taxe Robin des bois, réalisée par Richard Curtis, avec Bill Nighy.

jeudi 2 juin 2011

La grande évasion

Martin Parr - Luxury




Des multinationales richissimes qui ne paient pas d’impôt ? Daniel Lebègue, ancien banquier et militant anti-corruption, décrypte leur méthode. (...)
 

Le documentaire Zambie, à qui profite le cuivre ? dénonce les manipulations financières et comptables auxquelles se livre Glencore pour se soustraire à l’impôt en Zambie. Le comportement de cette multinationale est-il atypique, ou révélateur d’un phénomène plus général ?   

Le phénomène est largement répandu parmi les multinationales du secteur de l’énergie (pétrole, gaz) et de l’extraction minière. Toutes ne pratiquent pas, comme Glencore, l’évasion fiscale à grande échelle, mais nombre d’entre elles y ont recours plus ou moins légalement. Il suffit de regarder la fiscalité effective supportée par ces entreprises : elle est nulle ou très faible dans les pays du Sud et guère plus élevée dans leur pays d’origine. (...)

Pourquoi les multinationales américaines (du secteur de l’énergie) paient-elles si peu d’impôts ?
 
Il y a deux raisons à cela. Les administrations républicaines – Bush I et II – étaient pieds et poings liés avec les milieux de l’énergie et leur ont accordé des exonérations et des allègements d’impôt colossaux. Il n’est pas rare que les multinationales du secteur ne paient aucun impôt ou à des taux très faibles – de 5 à 8 % – alors qu’elles dégagent des profits annuels de plusieurs milliards de dollars. Par ailleurs, les Etats-Unis tolèrent depuis longtemps que leurs multinationales utilisent des paradis fiscaux pour loger de manière totalement fictive une partie importante de leurs profits, qui échappent ainsi à l’impôt. La crise de 2008 et les promesses de Barack Obama en la matière n’ont pour l’instant rien changé à la situation.  

Pourquoi cette tolérance ?
 
L’argument majeur, c’est la compétitivité des entreprises. Les Américains ont voulu avantager leurs industries grâce à une fiscalité minime ou nulle. Par effet de contagion, cette politique fiscale laxiste a contaminé tous les grands pays développés. (...)

Résultat, en France, même si le taux standard de l’impôt sur les sociétés est de 35 %, celui effectivement payé par les PME s’élève à 25 % et celui des entreprises du CAC 40 à… 8 %. Et certaines multinationales du CAC 40 comme Total ou Lafarge ne paient pas toujours d’impôt sur les sociétés en France. (...)