mardi 24 mai 2011

La crise écologique va changer la donne : Gérer la décroissance démographique (2/3)




L’accroissement de la pression exercée par l’homme sur l’environnement entretient un rapport étroit avec la hausse fantastique de la population mondiale intervenue ces dernières décennies : en l’espace de cinquante ans seulement, ce sont presque 4 milliards d’être humains supplémentaires qui se sont mis à tirer sur les ressources non renouvelables et les énergies fossiles, et à recracher force CO2 et autres déchets.

Malgré la transition démographique dans les pays du Sud, l’humanité devrait, sauf guerre ou catastrophe majeure, croître d’un peu moins de 7 milliards de personnes aujourd’hui à 9 milliards au milieu du siècle, dont une bonne partie naîtra en Afrique. 
La réponse à la crise écologique passera probablement en partie par la recherche d’une baisse de cette population, afin d’alléger la pression insupportable exercée aujourd’hui sur l’environnement.
En termes de politiques publiques, cette question de la démographie est l’une des plus complexes à aborder tant elle interfère profondément dans les choix les plus intimes des personnes et des couples.
Dans les pays en développement, les politiques publiques ont souvent cherché à limiter la croissance démographique afin de freiner les besoins d’infrastructures et les risques de fortes tensions sur le marché du travail.

Dans les pays développés, et en particulier en France, les politiques publiques ont, au contraire, toujours visé à favoriser la croissance démographique, garante notamment du poids politique et économique du pays vis-à-vis du reste du monde. C’est d’ailleurs une des raisons principales pour laquelle la décroissance démographique est très difficile à gérer : un pays dont la population décroît est un pays qui s’affaiblit par rapport aux autres dont la croissance démographique est plus dynamique.




De plus, les sociétés où la population décroît, sont plus difficiles à gérer. Les personnes âgées pèsent structurellement lourd car les transferts en argent ou en nature dont elles peuvent bénéficier diminuent (que ce soit par une assurance retraite, ou par une aide directe de leurs enfants). Par ailleurs, la valeur des patrimoines, notamment immobiliers, tend à décroître, faute d’acheteurs potentiels, ce qui tend à réduire les revenus que les personnes âgées peuvent tirer de leur épargne accumulée. 
Pour être vivables, ces sociétés doivent donc, beaucoup plus encore qu’aujourd’hui, reposer sur une mutualisation des ressources produites par les actifs et leur répartition via des mécanismes collectifs. Bref, ces sociétés doivent devenir beaucoup plus solidaires.

Ce n’est guère le chemin que nous avons pris jusqu’ici...
Pour obtenir la décroissance démographique, la politique de l’enfant unique conduite autoritairement en Chine peut difficilement servir de modèle. Les politiques publiques pour atteindre cet objectif restent donc largement à inventer.

 Il n’est toutefois pas exclu que la prise de conscience croissante de l’ampleur de la crise écologique et des difficultés qui attendent de ce fait nos descendants aboutisse à une diminution  relativement spontanée des naissances, les parents hésitant de plus en plus à prendre la responsabilité d’exposer leurs enfants à ces problèmes graves et prévisibles.

Source : Guillaume Duval
 Hors-série n° 89 Alternatives Economiques  3e trimestre 2011








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire