mardi 14 juin 2011

Les agences de notation bientôt dans le box des accusés ?




 

Groland : la crise expliquée simplement



Hormis la démonstration lumineuse de l’équipe de Groland, Inside Job est le meilleur documentaire expliquant « la crise de 2008 ».
Il n’épargne aucun acteur de la finance américaine que ce soient les banques, les économistes universitaires, les agences de notation, les autorités de régulation des marchés ou l’administration américaine. 
On en sort bien peu rassuré et un brin désespéré : les principaux responsables n’ont pas été inquiétés, quand ils n’ont pas été nommés à des postes clés par la nouvelle administration Obama, et les règles ont pour l’heure peu changé.
Mais aussi perplexe. En effet, le film semble exonérer de toute responsabilité le reste du monde, à commencer par l’Europe, et prête même à notre Christine Lagarde nationale, qui se verrait bien en grand argentier de la planète pour remplacer DSK, d’avoir vu venir la catastrophe.




Bande-annonce d' Inside job de Charles Ferguson



Dans le film, il est notamment fait le procès des agences de notation financière qui n’ont eu de cesse de fournir des informations réjouissantes sur les banques et les produits financiers pourris qu’elles émettaient, avant tout parce qu’elles étaient rémunérées par ces mêmes banques (l'hypothèse de l'incompétence n'est également pas exclue).

La notation des emprunteurs par les agences de notation déterminent les taux auxquels ces derniers peuvent emprunter sur les marchés financiers. Actuellement le Portugal (tout comme d’ailleurs la Grèce et l’Irlande) se refinance à des taux d'intérêt "usuriers" (autour de 10%) qui font exploser la charge de remboursement et la dette.

Après la Grèce et l'Irlande, le Portugal a en effet dû solliciter une aide financière internationale. Et le prêt que lui a concédé la troïka Fonds monétaire international, Bruxelles et Banque centrale européenne atteint 78 milliards d'euros.
La centaine de mesures d'austérité (dont la baisse des salaires et la hausse de la TVA) imposées par le FMI n'a fait que renforcer l'aversion contre les agences. Dans les débats télévisés, sur les bancs des facs ou dans les réseaux sociaux, le sujet est devenu omniprésent.

Aujourd’hui, Libération annonce la possibilité d’un procès de l’Etat portugais contre Moody’s, Fitch et Standard and Poors pour donner suite aux plaintes de quatre économistes de l’université de Coimbra.

Pour l’un d’entre eux, José Reis : "ces trois agences ont pêché à trois titres: elles concentrent 90% de la notation financière, ce qui est une entrave à la libre concurrence; elles possèdent des fonds d'investissement, il y a donc conflit d'intérêts; et elles bénéficient d'infos privilégiées. Nul ne conteste les problèmes structurels de l'économie portugaise, mais nous refusons que des intérêts privés dictent notre sort".
Même analyse de Manuel Brandão Alves, prof d'éco à Lisbonne. "A travers ces agences, nous voulons pointer du doigt leurs clients, les principaux responsables: intermédiaires financiers, fonds de pension, et même certains Etats..."

A SUIVRE...

P.S. Une brève sous cet article de Libération annonce le nième abaissement de la note de la dette à long terme de la Grèce, ce qui va encore renchérir son financement sur épargne.



João Botelho | Tráfico 1997

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