mercredi 22 juin 2011

En finir avec la promotion des heures supplémentaires nuisibles aux créations d’emplois et aux comptes publics




 
Pour mettre un peu en musique son slogan « travailler plus pour gagner plus », le gouvernement Sarkozy a favorisé le recours aux heures supplémentaires en détricotant la loi sur les 35 heures, en réduisant les cotisations sociales sur ces heures supplémentaires et en exonérant ceux qui les font d’impôt sur le revenu.

S’il n’est bien sûr pas question de supprimer les heures supplémentaires dont les entreprises peuvent avoir besoin ponctuellement, en période de faible croissance, les encourager est particulièrement nuisible à la création d’emplois, injuste pour les chômeurs et constitue un manque à gagner de recettes sociales et fiscales creusant les déficits publics.

Guillaume Duval, rédacteur en chef d’«Alternatives économiques» vient d’écrire une lettre ouverte au Président à ce sujet.
 -------------------

Monsieur le Président,


Une fois le «bouclier fiscal» supprimé, il ne restera quasiment plus qu’une seule mesure du «paquet fiscal» que vous aviez fait adopter en 2007 : les subventions massives accordées aux heures supplémentaires. Pourtant, celles-ci dissuadent les entreprises d’embaucher et compte tenu du chômage actuel vous vous honoreriez en revenant également sur cette disposition. [...]

Vous êtes revenus sur toutes les mesures les plus emblématiques de la «rupture» de 2007 sauf sur les subventions massives des heures supplémentaires, pourtant particulièrement nocives pour l’emploi, puisqu’elles incitent les entreprises à faire faire des heures supplémentaires plutôt que d’embaucher des jeunes ou des chômeurs. 
Les 174 millions d’heures sup effectuées au premier trimestre 2011 représentent 382 000 emplois à temps plein. Si les entreprises en avaient utilisé moitié moins, on aurait pu combler la moitié du retard qui reste encore pour revenir au niveau d’emploi d’avant la crise… 
De plus ces subventions coûtent 3 milliards d’euros par an au titre des cotisations sociales perdues et 1,2 milliard d’euros au titre de l’impôt sur le revenu. Or, en 2010, un emploi coûtait 38 600 euros en moyenne (cotisations sociales comprises). Autrement dit avec ces 4,2 milliards d’euros, on aurait pu financer intégralement 109 000 emplois supplémentaires… 
Les 4,6 millions d’inscrits à Pôle Emploi voudraient bien eux aussi pouvoir «travailler plus pour gagner plus» et vous vous honoreriez, monsieur le Président, en revenant enfin sur une mesure, déjà très critiquable en 2007, mais devenue simplement absurde avec la crise.



Dernier ouvrage : «La France d'après, rebondir après la crise», éditions les Petits Matins.









Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire