dimanche 15 janvier 2012

Contre le discours dominant sur la dette publique


Georges Grosz Brigands, 1921



La bohème par Nicolas Jaar

Sans entrer dans les détails, on rappellera ici que les Etats ont accumulé les déficits publics et se retrouvent surendettés, d'abord pour s’être livrés à une concurrence fiscale qui a fait fondre les recettes provenant des grandes entreprises et des riches,  puis pour avoir sauvé les banques de la faillite, et enfin, plus récemment, parce que la récession provoquée par la crise financière de 2008 et des plans d’austérité visant à « rassurer les marchés » assèchent encore davantage les recettes fiscales, tandis que leurs dépenses publiques demeurent largement incompressibles ou tendent à augmenter.
En particulier, la charge des intérêts payés devient insupportable non seulement du fait de la croissance de ces dettes et de la récession, mais aussi parce que la dégradation de leur note par les agences fait monter les taux exigés par les marchés, en premier lieu par ces mêmes banques.
Comme aurait dit Keynes, qui n’avait rien d’un marxiste, au fond du trou, à un moment donné, il faut cesser de creuser, sans quoi on y crève.
 

Alors, qu’est-ce qu’on fait à partir de 2012 ? Continue-t-on dans le registre de la purge, qui en approfondissant le cercle vicieux de la récession, réduira davantage les recettes fiscales et rendra insupportables les dettes publiques ?
Doit-on pour cela démanteler irréversiblement ce qu’il y a peu on qualifiait de « modèle social européen » (« service public » et « protection sociale ») ?
Peut-on prendre le risque d’une fronde fiscale et d’une insurrection sociale (le sentiment d’injustice insupportable finit par donner la niaque) ?
 


Athènes sept. 2011 - Petros Giannakouris

N’est-il pas temps d’envisager d’autres solutions de financement des Etats que celle qui consiste pour chacun d’entre eux, dans son coin à émettre des titres aux conditions toujours plus prohibitives que veulent bien leur faire des marchés financiers internationaux ou les pompiers du système (FMI, BCE) ? N’est-il pas temps, pour reprendre cet affreux mot du jargon managérial ou journalistique, de « changer de logiciel » ?

Or, il ne me semble pas que le candidat du PS, crédité du plus fort pourcentage d’intentions de vote à l’élection présidentielle de mai 2012, ait pour l’heure sur ce point de la dette publique une ligne très différente de celle des candidats de droite. A gauche, seuls le Front de Gauche et EELV s’inscrivent dans la perspective d’une rupture avec l’évidence de devoir souffrir inutilement pour avoir « vécu au-dessus de nos moyens ». A l’extrême-droite aussi d’ailleurs, mais  sur le mode glaçant du nationalisme et de la haine (l’étranger comme bouc émissaire)... Ça a l’air de plaire. A bon entendeur salut !


Contre le discours dominant sur la dette publique par Geneviève Azam, Etienne Balibar, Thomas Coutrot, Dominique Méda, Yves Sintomer dans Le Monde du 13.01.12 


Voir aussi sur ce blog 




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire