dimanche 16 octobre 2011

Chômage, revenus et protection sociale : questions pour un champion (II)


Wasteland de Vik Muniz



En 2e position des préoccupations des français, vient ensuite celle du pouvoir d’achat, lequel dépend de leurs revenus et du niveau général des prix.
Du côté revenus, le problème principal est celui des revenus d’activité, du revenu des actifs, en premier lieu des jeunes actifs dont les salaires sont maintenus trop bas par le chômage de masse. 
Autrement dit, le profil de leur poste est toujours plus exigeant pour gagner des clopinettes : le salaire minimum. La généralisation du travail précaire et du travail à temps partiel non choisi les plombent encore davantage. Au point que peut parfois finir par se poser un problème d’incitation à l’activité eu égard les minimas sociaux (dont le RSA).
Du coup, la droite a plutôt tendance à mettre en avant le niveau trop élevé de ces minimas sociaux et à culpabiliser l’ensemble des chômeurs toujours soupçonnés de ne pas rechercher du travail, la gauche, à dénoncer le niveau trop faible des salaires.

Côté prix, même si nous échappons à l’inflation galopante grâce à ce chômage de masse et aux importations bon marché et une monnaie relativement forte, le sentiment dominant est celui de chocs inflationnistes en premier lieu sur l’immobilier.

Le logement est un droit fondamental. Pourquoi dans un pays qui a toujours connu une croissance de son PIB, ce droit n’est-il plus assuré ? Pourquoi rien n’est pensé pour endiguer cette inflation immobilière ?


Trickle down par Stephen Hansen


Pour ceux qui travaillent, d'un côté le salaire-coût (c'est-à-dire incluant les charges sociales) est toujours trop élevé pour inciter à l’embauche, ou par rapport à celui du travailleur bulgare ou chinois, s’ils travaillent dans un secteur exposé à la concurrence internationale; d'un autre côté, le salaire net qu’ils perçoivent est devenu insuffisant pour vivre décemment.


Dans une économie de marché, on ne peut contraindre les employeurs à réduire leurs profits en augmentant leur masse salariale (sans compter ceux qui ne peuvent pas), ne reste alors que l’abaissement des charges sociales salariales et/ou patronales avec obligation (?) pour l’employeur d’augmenter d’autant la feuille de salaire.

A cet égard, la plus ou moins grande exonération de charges sociales est un instrument des « politiques de l’emploi » utilisé depuis longtemps, souvent sans penser leur compensation par une autre ressource budgétaire, ce qui ne manque pas détériorer les comptes de la Sécurité sociale.



Mais alors, nous faut-il choisir entre emplois ou protection sociale ?

Comment financer cette protection sociale sans freiner les embauches, ni rendre les travailleurs pauvres ?

Ne peut-on vraiment pas modifier l’assiette de financement de notre protection sociale et/ou fiscaliser une bonne partie son financement[1] ?

Combien de temps pourra durer le fait qu’en moyenne  les inactifs perçoivent plus qu’une grande partie des actifs[2], alors même que leurs pensions sont financées par ces actifs dans un système de retraite par répartition ? 



[1] Au-delà de la CSG qui fournit déjà des ressources supplémentaires en n’étant pas seulement prélevée sur les salaires mais sur toutes les catégories de revenus, y compris revenus du capital et pensions de retraite.
[2]  Impossible de trouver sur Internet une statistique à l’appui, je me souviens juste d’une rubrique « indicateurs clés » qu’avait Libération qui le montrait, tout comme l’écart entre salaires du privé et du public très en faveur de ces derniers après la déflation salariale subie par le secteur privé.






Dans la conclusion de son chapitre « que faire face au chômage ? »[1], Guillaume Duval fournit une liste de mesures pouvant constituer le début d’un vaste programme de lutte contre le chômage pour les candidats d’opposition à la présidentielle.

Bref, face au chômage de masse, il n’existe donc pas de remède miracle et il faut faire feu de tout bois : chercher à doper la croissance, déployer des emplois aidés, jouer sur l’emploi public, réduire le temps de travail, accélérer la conversion écologique de l’économie... Sans oublier d’aider les chômeurs eux-mêmes. Mais les politiques menées en France actuellement n’activent quasiment aucun de ces leviers. Pas étonnant que les Français n’aient pas le moral.


[1] La France d’après - rebondir après la crise Les petits matins / Alternatives Économiques 2011

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