Tous au Larzac de Christian Rouaud
Yves Frémion, écrivain, journaliste, critique de BD et député européen vert, qui a publié en 2007 une «Histoire de la révolution écologiste», distingue défense de l'environnement et écologie politique dans une entrevue accordée au journal Libération :
L'écologie politique, c'est une globalité, une pensée qui articule une révolution de la société autour d'un certain nombre d'axes : la protection de l'environnement et la sauvegarde de la nature ; la solidarité sociale ; la citoyenneté et la démocratie ; dans une perspective qui suppose des rapports Nord-Sud différents. Un combat pour l'environnement est toujours un combat social et citoyen, et inversement.
Les «environnementalistes» sont des écologistes inachevés, il leur manque une dimension. Nicolas Hulot est un environnementaliste. Il est sincère, mais il s'est fourvoyé ; il a planté les Verts à l'élection présidentielle. Il a laissé croire que des problèmes planétaires n'étaient pas politiques et pouvaient être réglés avec cinq mesures prises par n'importe quel candidat. Cela dit, il a fait avancer la prise de conscience environnementale. (...)
Le 21 novembre, FR3 a diffusé un excellent documentaire qui retrace la genèse de l’écologie politique en France.
« La saga des écolos » d’Alice Le Roy et de Valérie Manns montre bien comment un mouvement spontané, animé par des contestataires profondément hostiles à la politique et méfiants à l'égard des partis, s’est enraciné dans le paysage politique français pour devenir une force politique incontournable, au point de se voir offrir un poste au sein de gouvernements socialistes (Brice Lalonde puis Dominique Voynet).
Mitch Epstein centrale à charbon - Ohio 2003
« Si les préoccupations environnementales font désormais partie de notre quotidien, écrit Vincent Arquillère de Télérama, les écologistes français passaient il y a encore quarante ans pour de gentils illuminés opposés au merveilleux progrès. Comme le montrent les archives de ce documentaire, ils étaient juste en avance sur leur temps (...)
D'échecs en rebonds, les Verts (au sens large) ont fini par passer à l'âge adulte... même s'ils ressemblent encore parfois à un adolescent turbulent. »
Pourtant, bien qu’une conscience « environnementaliste » émerge dans l’opinion, ses implications politiques peinent à entrer dans les têtes. Et ce n’est probablement pas avec l’élection présidentielle que les Verts obtiendront un score à la hauteur de l’enjeu écologique, surtout après le traumatisme d’avril 2002.
Vu que le Parti de Gauche et peut-être aussi ce vieux con orgueilleux de Chevènement qui pourtant avait su me séduire en pleine campagne anti-Maastricht (j’avais adhéré à son MDC), réduiront le score du candidat de gauche pouvant se retrouver au second tour, Cohn-Bendit avait sans doute raison d’être sceptique sur le bien-fondé d’une candidature écologiste.
En effet, Europe Écologie-Les Verts feront sans doute un très mauvais résultat, a fortiori si se confirme dans les sondages le score de la fille Le Pen : le vote utile pour l’ex de Royal s’imposera à tous ceux pour qui l’UMP doit vite passer la main.
EE-Les Verts et le PS viennent de conclure un accord électoral officiel, c’est bien, mais j’aurais tellement préféré qu’Eva Joly fasse partie des candidats à une primaire EE-Les Verts-PS, afin de pouvoir voter pour elle : députée européenne polyglotte, très active au Parlement européen, franco-norvégienne tellement bien intégrée en France qu’elle a occupé avec opiniâtreté un poste de juge d’instruction au pôle financier du palais de justice de Paris, lui donnant toute légitimité pour pourfendre régulièrement paradis fiscaux et omnipotence de la finance, bref, la meilleure candidate pour les temps présents.
Les usuriers de Quentin Metsys (1465-1530) à la Galleria Doria Pamphili
Une des pierres d’achoppement de cet accord fut naturellement la question du nucléaire, ce vieux combat écolo (Mon plus vieux souvenir de contestation « écolo » remonte aux manifestations contre la construction d’un Super générateur à Creys-Malville en 1977. J’avais 15 ans).
On peut également comprendre qu’il en fut ainsi, tant du point de vue des écologistes (rendus plus forts de la catastrophe de Fukushima - Tchernobyl, c’était « la faute au communisme »), que du point de vue du candidat PS à la présidence de la République défendant une de nos toutes dernières industries, en période de flambée du chômage.
Sur ce, a suivi la mauvaise polémique qu’a provoqué l’entrevue d’Eva Joly par le patibulaire Apathie...
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